Ma voix a démissionné. Déjà hier après-midi. Et je le sentais venir depuis mardi.
C’est mon aphonie annuelle.
Elle a eu le bon goût d’attendre le week-end. J’ai été chez le médecin. Sans doute aurais-je un filet suffisamment solide pour reprendre lundi grâce à la bénie-soit-elle cortisone. En attendant, je chuchote à mes enfants et prends différemment conscience du bruit de mon quotidien. D’ordinaire, je l’affronte. Aujourd’hui, il me fait taire.
Ces quelques jours par an de chuchotis sont à la fois une contrainte (de plus) bien pénible et une forme de repos. Je suis une très grande bavarde, je parle, parle, parle, même quand je m’écoute parler en me disant « Mais qu’est-ce que tu fais ? Tais toi ! » Ces quelques jours où je ne peux pas, c’est un peu comme prendre des vacances de moi-même. Ce n’est pas angoissant parce que comme toutes vacances, je sais que ça va se terminer. C’est aussi assez agréable que les gens soient réellement attentifs, dressent l’oreille. Je n’en abuse pas, je vais à l’essentiel.
Ce week-end devra être fait d’oreilles tendues, d’où est la télécommande que je puisse baisser le son pour en placer une, de douleur à la déglutition, et de boisson chaude au gingembre et au miel. Et puis on verra bien.