« Ce qui s’est passé se passe sans cesse, depuis longtemps, partout. Pendant les guerres. Les putschs. Les temps de paix. Cette paix illusoire. Dans les coins sombres. Les coins clairs. Les rassemblements festifs. Les appartements. Les soirées. Les rames de métro vides. Pleines. Les boîtes de nuit. Un bacon. Un lit. Des toilettes. Un fauteuil. Le béton. La terre. La poussière. Le jour. La nuit. Le matin. L’après-midi. L’ennemi ? N’importe qui. Un ami. Un inconnu. Un amoureux. Un passant. Un jaloux. Un employé. Un jeune. Un vieux. Une connaissance. Un patron. Un oncle. Un éconduit. Un cousin. Un collègue. Un grand-père. Un père…
Imagine. toi, tu as vingt ans, tu as treize ans, tu as trente-deux ans, tu as quarante-cinq ans, tu as soixante ans, tu as dix-sept ans, quatorze ans, ou encore huit ans…
Tu vis en France ou en Angola, en Allemagne ou aux États-Unis, en Suède ou en Tanzanie, en Russie ou en Chine, au Bénin ou en Birmanie, aux Comores ou en Érythrée, en Irak ou en Syrien, tu fais partie d’une entité immense, étendue et travailleuse.
Tu vis aujourd’hui, ou tu as vécu hier : tu as toujours vécu. Imagine. Tu es une bonne partie de la moitié de l’humanité.
Tu as bu de l’alcool, ou bien tu n’en as pas bu, tu as fumé ou tu n’as pas fumé, tu as mis une jupe courte ou un pantalon, un décolleté ou un col roulé, un boubou ou une burqa, un kimono ou un pagne, ou encore tu n’as pensé à rien, ni à tes vêtements, ni à boire, ni à quoi que ce soit d’extérieur à tes rêves ou à tes jeux parce que tu as huit ans. »
HINCKEL, Florence. Comme un homme. Nathan, « court toujours », 2020, pp. 28-29
C’est glaçant, et c’est si vrai.
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Oui, j’ai été très touchée par cette mise en mots
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