« Quand j’ai senti l’enfant arriver, comme si une planète se déplaçait dans mon corps, comme si je n’étais rien d’autre qu’un ciel lourd de pluie prêt à se déchirer, je me suis mise à rugir et mon cri était comme le tonnerre qui foudroie la terre un soir d’orage et le ciel subitement s’est ouvert. C’est là que j’ai donné naissance à un premier enfant, là, au milieu des sillons, sur la terre noire de nôtre potager et cet enfant était pareil à une graine chaude, vive et palpitante. J’ai inspiré son odeur et tous les parfums des montagnes et des bois, et celui plus ancien encore des hommes et des bêtes qui un jour avait vécu là et une nouvelle planète a roulé dans l’obscurité de mon ventre. »
SERVANT, Stéphane. Félines. Rouergue, « Epik », 2019. pp. 368-369
