Ça devait arriver. Je ne vois pas comment il aurait pû en être autrement…
J’ai craqué. J’ai hurlé. Hurlé sur mon grand fils. Hurlé fort et un peu longtemps. Le bébé a pleuré. Il a eu peur. J’ai eu du mal à me calmer parce que j’avais toute cette lave à l’intérieure de moi. Après j’en encore crié. Puis je me suis effondrée, en sanglots, sur mon balcon.
J’étais seule adulte encore et c’était trop.
On n’a pas signé pour ça. Personne. Être confiné. C’est arrivé de nul part, on regardait cette chose lointaine se dérouler en Chine. On a abdiqué en un discours, laissé filer nos libertés.
Je n’ai jamais voulu être femme au foyer. Je n’ai jamais voulu faire l’école à la maison. Je n’ai rien choisi de tout ça.
Et pourtant je dois le défendre et le faire admettre à un enfant grand encore petit qui se sert de moi comme paillasson pour ses émotions et à un bébé qui ne voit pas pourquoi, puisque je suis là, il ne pourrait pas être dans mes bras.
Je n’ai jamais signé pour être à moi seule l’intégralité ou presque de la vie sociale de mes enfants. Et qu’ils soient la t mienne.
Et j’ai sangloté encore et encore parce que là, c’était une chose un jour et que ça allait passer mais qu’il y a encore demain puis le jour qui va suivre puis le jour suivant encore et ainsi de suite pendant beaucoup beaucoup beaucoup de jours. J’ai sangloté parce que je ne voyais pas comment je pourrais tenir parce qu’il n’y aura rien de différents dans les 30 jours qui viennent, rien qui n’aidera. Parce que la seule idée claire que j’avais c’était que je ne peux pas tenir.
Et ce soir, et bien je ne sanglote plus mais je ne vois toujours pas.